L’inquiétante prolifération des méduses

Connaissez-vous bien les cnidaires et leurs effets ?

Ces formes libres plus connues sous le terme méduses sont généralement des prédateurs qui paralysent leurs proies grâce à leurs cnidocytes.  Pouvant atteindre actuellement presque trois mètres de diamètre, avec des filaments de dix-huit mètres (c’est le cas pour la méduse Cynaea capillata), elles sont apparues sur Terre bien avant les dinosaures, il y a environ 650 millions d’années pendant l’Ediacarien. Elles sont presque toutes marines, seules de rares espèces vivent en eau douce, (env. 1 %).

Cynaea capillata

Même si elles sont composées de 97 % d’eau et de 3 % de matière sèche et que leurs mouvements sont très lents (elles sont entrainées par les courants marins), elles peuvent être mortelles pour l’Homme (on parle, là, de certaines méduses de la classe des Cubozoa).

Les méduses que l’on trouve en France

La Méditerranée et l’Etang de Berre abritent plutôt les espèces Aurelia aurita et Pelagia noctiluca, la première n’étant pas dangereuse pour la santé tandis que la seconde est très urticante. Sur les plages bretonnes, ce sont plutôt Rhisostoma pulmo (non urticante) et Physalia physalis (urticante) que l’on trouve.

Une physalie, animal marin venimeux, faisant penser à une méduse – PHOTO JEAN PIERRE MULLER

Mais le problème qui se pose aujourd’hui est qu’elles ne sont pas seulement néfastes pour les baigneurs, mais aussi pour les pêcheurs et les centrales nucléaires. Leur prolifération inquiète de plus en plus les chercheurs qui tentent de trouver des solutions.

Certaines semblent avoir définitivement pris leur quartier en Méditerranée, d’autres sont en passe de coloniser la mer du Nord, d’autres encore s’échouent par milliers sur la côte atlantique… Il n’est plus guère d’endroits qui échappent aux méduses.

Prévoir l’invasion

En Méditerranée, certaines communes tentent bien de protéger leurs plages et d’éviter la fuite des touristes en installant des filets, mais ces barrières flottantes assez onéreuses à installer ne sont qu’un mince pis-aller. Pourquoi les méduses apparaissent-elles un jour et pas le lendemain? De quoi se nourrissent-elles? Comment se reproduisent-elles?

Dans un an, l’observatoire océanographique de Villefranche-sur-Mer devrait être en mesure de proposer des sortes de «bulletins météo des méduses». Ces modèles de prévision d’invasion des méduses doivent s’appuyer sur toute une série de données: le recensement des échouages sur les plages azuréennes ces trente dernières années, l’observation en mer grâce à des robots munis de systèmes d’imageries et accrochés à des bouées ou des filets de pêcheurs, sans oublier un grand nombre de paramètres océanographiques ou climatiques (courants marins, température de l’eau, météorologie…).

Les ennemis des pêcheurs et des centrales nucléaires

En mer du Nord, c’est une autre famille de prédateurs gélatineux (les cténophores) qui intéresse des chercheurs en sciences marines et maritimes. Dans ce cas précis, l’enjeu concerne la pêche et la sûreté nucléaire…

Mnemiopsis leidyi, de son nom latin, fait partie des animaux invasifs «que l’on a découverts sur les côtes françaises en 2009», raconte Elvire Antajan, chercheuse à l’Ifremer. Or, ce petit animal qui peut mesurer 12 centimètres «est extrêmement vorace», assure la spécialiste . Elle se nourrit de zooplancton en compétition avec certains poissons, mais également «des œufs et des larves de ces mêmes poissons». Un danger potentiel dans une zone de forte reproduction de poissons et de pêche.

Étudier l’évolution et le comportement de ce cténophore est d’autant plus important qu’il est également susceptible de colmater les filtres des systèmes de refroidissement des centrales. Dans les années 1980, le problème s’était déjà posé à la centrale de Gravelines avec un autre cténophore communément appelé groseille de mer. En juin dernier, ce sont deux réacteurs de la centrale nucléaire de Torness en Écosse qui ont dû être stoppés pour les mêmes raisons. Certes, Mnemiopsis leidyi n’est pas urticante à l’instar de ses cousines de Méditerranée ou d’Atlantique, mais en mer du Nord, c’est un maigre avantage.

La surexploitation des stocks de pêche mise en cause

La prolifération des méduses en Méditerranée et Mer Noire, conduisant régulièrement à la fermeture temporaire de plages, pourrait être une conséquence de la surexploitation des stocks de pêche par les pêcheurs européens, estime jeudi l’alliance Ocean2012.

Selon une étude de ce groupe d’une centaine d’organisations de défense des écosystèmes marins, « les bancs de méduses s’accroissent et les pressions exercées par des activités humaines, telles que la sur-pêche, en seraient la cause la plus probable« .

Ocean2012 note que « le prélèvement d’un trop grand nombre de poissons dans ces écosystèmes offre à ces méduses une niche écologique où elles peuvent prospérer« .

Le document précise cependant que ce facteur n’est que l’une des causes possibles avancées par les scientifiques et politiques pour expliquer le pullulement des méduses aux côtés de la modification des courants, la salinité ou la température de l’eau, voire le changement climatique.

Sources : Le Figaro et Good Planet

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