Régression de Caulerpa taxifolia, l’algue tueuse en Méditerranée

Longtemps présentée comme le plus dangereux des envahisseurs, Caulerpa taxifolia serait en train de régresser dans les fonds marins méditerranéens.

Voici une nouvelle des plus rassurantes qui nous parvient des scientifiques qui étudient impuissamment, depuis plus de vingt ans, la prolifération terrible de Caulerpa taxifolia, l’algue tueuse des fonds méditerranéens, normalement présente dans les eaux chaudes tropicales.

La propagation accidentelle de l’algue à Monaco

L’histoire remonte à 1984 quand un bout d’algue, un stolon, est expulsé accidentellement par le système de rejet des eaux des aquariums de Monaco en pleine mer. L’algue devient rapidement envahissante et vers 1990, c’est l’affolement car la superficie conquise par l’algue va atteindre jusque 15.000 hectares. Soit une présence accrue en France, des côtes de la ville de Menton à Six-Fours-Les Plages, dans le Var. Une prolifération qui s’étendra très vite aux rivages italiens, croates, espagnols et tunisiens.

Menaçant les espèces endémiques et toute la faune qu’elles abritent, l’algue tueuse a très vite été mise sous surveillance, avec pas moins de 152 zones d’observations.

Régression en vue !

A partir de 2004, une régression a été ainsi observée et vérifiée sur les côtes françaises mais aussi en Ligurie, en Croatie et aux Baléares.

Aujourd’hui, 80 % des surfaces colonisées auraient disparu, assure le professeur Alexandre Meinesz, qui l’avait identifiée et s’était rendu célèbre en alertant le monde sur le danger des espèces envahissantes pour la biodiversité. «Dans certaines zones, comme le cap Martin, où Caulerpa taxifolia était omniprésente, on ne la trouve plus et la vie retrouve peu à peu ses droits. C’est stupéfiant !», ajoute-t-il.

Bien sûr, cette nouvelle est à prendre avec précaution, car si sa régression est bien visible, il n’en demeure pas moins que les causes de cette régression ne sont pas déterminées avec précision.

«C’est une heureuse surprise, mais rien ne dit qu’elle ne va pas revenir» , avoue Meinesz.

Plusieurs causes à cette régression

Les causes de cet heureux dénouement ne sont pas encore avérées. Les scientifiques émettent plusieurs hypothèses. Ils ont d’abord pensé que plusieurs hivers froids et longs avaient eu raison de l’«algue tueuse». « Nous avons comparé les données météorologiques et n’avons pas trouvé de corrélation», évacue Alexandre Meinesz. Deuxième hypothèse : la plante a épuisé les sols. L’idée est également rejetée car d’autres espaces restaient à coloniser. Alors le phénomène pourrait venir d’une dégénérescence génétique, l’algue initialement importée d’Australie pour agrémenter les aquariums, s’est reproduite par bouturage. Enfin, la morphologie de cette algue, un long tuyau pouvant atteindre 3 mètres dans lequel prospèrent des bactéries et des virus, pourrait être à l’origine de ce dépérissement. «Rien n’est prouvé et nous aurons du mal à avoir des financements pour étudier ce qui est finalement une bonne nouvelle», souligne Meinesz.

Pourtant, nous n’en avons pas fini avec les caulerpes, dont il existe une centaine d’espèces dans le monde. Deux autres, également venues d’Australie tempérée, sont à leur tour en train de coloniser nos côtes, la racemosa et la distichophylla. Elles semblent encore plus dangereuses que taxifolia : leur progression est fulgurante, elles se reproduisent de manière sexuée et ne craignent pas l’eau froide… «Ces espèces envahissantes introduites sont un gros danger pour la biodiversité globale car elles menacent les équilibres», rappelle le scientifique.

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6 réponses à “Régression de Caulerpa taxifolia, l’algue tueuse en Méditerranée

  1. Pingback: 22 Mai : Journée Mondiale de la biodiversité | envi2bio

  2. Pingback: Exponentielle, surpopulations, pic pétrolier et autres sujets sans aucune importance | Blog de Yoananda

  3. Pingback: Es muy preocupante !!!!!

  4. Bonjour. S’il vous plaît pouvez-vous me dire le nom de l’article scientifique où il est dit que 80% des zones colonisées disparu aujourd’hui?. Merci beaucoup.

    • Nos sources proviennent de plusieurs interviews (récupérées dans la presse : Le Figaro, Le Monde, Le Point, Libération…) d’Alexandre Meinesz, professeur de biologie marine, directeur du laboratoire EcoMer à l’université de Sofia-Antipolis. Phycologue, spécialiste de Caulerpa taxifolia – il lui a consacré une thèse en 1980, un livre en 1997 («Le Roman noir de l’algue tueuse», Ed. Belin) et dédié un laboratoire de recherche -, c’est lui qui, en 1991, a alerté la communauté internationale sur cette invasion biologiques.

      Bien cordialement.

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