Nicolas a entrepris son tour du monde sur un coup de tête, une envie irrépressible de découvrir des contrées lointaines et inconnues, d’accomplir ce rêve de gamin en gardant en tête cette promesse faite à son grand-père qui lui avait conté l’histoire de Marco Polo. Il partage avec nous, via ses écrits et ses photos, son carnet de voyage rempli de belles expériences personnelles: un vrai régal !
Il y a ces petits rafiots arrimés au port et bercés par la houle, ces chalutiers qui trainent derrière eux, comme un voile, leurs filets de pêches, ces paquebots qui fument et qui hurlent comme ces vieux marins parfumés à l’iode plutôt qu’au Channel et ces navires de guerre qui pointent leur canon vers les mouettes libertaires qui plongent succinctement leur tête dans cette crème salée et en extirpent des poissons.
Les loups et les lions de mer grognent et promènent péniblement leurs épaisses carcasses en s’abreuvant sans retenue du soleil et ses rayons.
On y voit des regards rêveurs qui se perdent vers l’horizon, des prunelles suspicieuses et des pupilles plus noires que du charbon. Des bancs vides sur lesquels on se plairait à voir un Brassens et sa guitare, marmonnant dans sa moustache quelques poétiques paroles faisant l’apologie des cités portuaires, de ces havres parfois plus troubles que les eaux polluées…
Cet endroit où l’on souffre à porter des lourdes caisses aux contenus inconnus que l’on dépose sur les ponts, où l’on a le gout de l’effort, du tabac et du sang qui se mêlent dans la bouche, où l’on a la sueur qui cascade dans les yeux à vous bruler les rétines tandis que le soleil culmine et domine ce lieu où les ordres et les invectives ont des allures de chansons latines.
On abandonne ce port, changement de décor. Les collines multiples semblent se faire la courte échelle jusqu’aux cieux.
La chevelure de ces tertres, que l’on rejoint à embarquant dans de cahoteux et vétustes funiculaires, est multicolore. La plantation des habitations, ébouriffée par les vents, y est désordonnée.
Mais en se promenant dans ces rues, similaires à des musées, on se prend à maudire le sort de ne pas être un artiste. On sent poindre cette frustration de n’être un musicien, un écrivain, un sculpteur ou un peintre.
Car ici, les anonymes laissent trace de leur talent et un simple mur mute en tableau étincelant. On veut courir sur les marches en colimaçon, qui ont la musicalité des touches des pianos… On désire immortaliser chaque coup de pinceau qui habille avec jovialité les pans des maisons à la manière des carnavals.
Valpo, la multiculturelle, où cohabitent les marins et les poètes, les chevaliers des mers et les cavaliers des lettres, les pourfendeurs d’écume et les épéistes de la plume, les cracheurs de tabac et ceux qui vomissent sur le pouvoir…
Valpo, la populaire, qui enveloppe dans son étui coloré ceux qui broient du noir et boivent de l’ambre, attablés au bistrot , jetant sur du papier et dans la baie, leurs utopies et leurs idées.
Valpo, la tumultueuse, où le talent occulte se feutre dans l’ombre et n’a pas de nom; où les récits divaguent sur les lignes des cahiers et des cannes, où une oeuvre d’art en rejoint une autre, de nouvelle vague en nouvelle vague, où on jette l’encre sur le papier et l’ancre près du quai, où cohabitent esquifs et esquisses, où se noient marins et chagrins…
Valparaiso, où le vent souffle l’inspiration de celui qui pose le pied sur le pont tandis qu’un autre, comme à la fin d’une histoire, disparait à l’horizon.
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